Je suis émue. Par cette vieille dame assise au piano dans la salle où j'entre, chignon et chemisier, mains appliquées posées sur les touches blanches et noires, à côté du professeur. Je suis rassurée et surprise à chaque fois quand je vois qu'à tout âge, le désir nous prend de commencer quelque chose, désir et volonté. Emue et rassurée de voir qu'on trouve encore l'impulsion et l'humilité de commencer, d'apprendre, de suivre des cours, d'être assidu(e). Ce temps qui m'effraie tant, que j'ai démultiplié longtemps, que je gagne plus plein et plus lent ces dernières années; ce temps que je sens passer si vite, trop vite, depuis que j'ai 10ans... Ces mains ridées et élégantes sur ce piano me montrent que ce n'est pas une lutte, une course. Et qu'il y a le temps. Que je peux espérer avoir une vie longue où j'aurai le temps de faire beaucoup de choses, de commencer et recommencer.
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